2de LA NOTION D’ALLÉGORIE + VANITÉ + BAROQUE

 

Tableau de Philippe de Champaigne (1646, en bas à gauche), de Simon Renard de Saint André (1615, à droite) et de Pieter Boel (1633, en haut à gauche).

La notion d’allégorie

Allégorie: du grec allégorien,“parler autrement”.

Une allégorie est une image mentale développée sous la forme d’un récit ou d’un tableau, utilisant une succession cohérente de figures de style (comparaison, métaphore, métonymie…) et permettant une double lecture. Le poète, le romancier ou le peintre aborde ainsi des sujets abstraits en représentant ces sujets par des termes, des objets qui désignent des réalités physiques ou animées (animaux ou humains). La cohérence de l’ensemble rend autonome le récit ou le tableau en lui donnant un sens symbolique explicite ou implicite. Un système de relations continues s’établit entre le sens “propre” et le sens “figuré”, notamment par la complémentarité et le croisement des champs lexicaux (dans les textes) ou des objets représentés (en peinture). Par exemple, dans le premier tableau de Philippe de Champaigne s’établit une correspondance entre les images du crâne, de la fleur coupée et du sablier.  L’ensemble constitue le tableau allégorique de la condition humaine mortelle. Le tableau Pieter Boel accentue la dimension de Vanité – tableau représentant les illusions terrestres – par les nombreuses richesses qui détournent l’humain de la conscience de sa mort inéluctable, ce qu’on nomme aussi Memento mori (souviens-toi que tu vas mourir).

La période baroque est un moment privilégié de ce type de représentation. Ce courant voit se développer le goût pour le spectacle de la mort (squelette, crâne, ossements qui envahissent l’imagerie religieuse : on parle d’esthétique du macabre). Cette tendance est aussi le reflet du regard porté par le baroque sur la vie. On cherche à mettre en scène, notamment par l’allégorie,  les illusions et le mensonge de la chair, opposé à la vérité du squelette. À noter que le mot baroque vient du mot portugais « barroco » qui signifie « pierres irrégulières ». Ces pierres irrégulières c’est-à-dire imparfaites sont le symbole de l’instabilité et de la bizarrerie que cherche à mettre en exergue l’âge baroque. Voir à la fin de ce cours, les fiches sur le baroque.

Le texte biblique à l’origine de l’allégorie de la vanité humaine est le suivant :

VANITÉ

« Vanité des vanités, disait Qohélet[1] ; vanité des vanités ; tout est vanité ! »

Quel profit l’homme retire-t-il des peines qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va ; une génération lui succède ; la terre cependant reste à sa place. Le soleil se lève ; le soleil se couche ; puis il regagne en hâte le point où il doit se lever de nouveau. Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord, le vent tourne, tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu’il a déjà tracés. Tous les fleuves se jettent dans la mer, et la mer ne regorge pas, et les fleuves reviennent au lieu d’où ils coulent pour couler encore.

Tout est difficile à expliquer ; l’homme ne peut rendre compte de rien ; l’œil ne se rassasie pas à force de voir ; l’oreille ne se remplit pas à force d’entendre.

Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui est arrivé arrivera encore. Rien de nouveau sous le soleil. Quand on vous dit de quelque chose : « Venez voir, c’est du neuf », n’en croyez rien ; la chose dont il s’agit a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. Les hommes d’autrefois n’ont plus chez nous de mémoire ; les hommes de l’avenir n’en laisseront pas davantage chez ceux qui viendront après eux.

Ancien testament, L’Ecclésiaste, traduit de l’hébreu par Ernest Renan.

[1]Qohélet, nom hébreu, Ecclésiaste en français, signifiant « celui qui s’adresse à la foule »

LE BAROQUE 1  / LE BAROQUE 2  / LE BAROQUE 3  / LE BAROQUE 4  /

baroque 1

baroque É

Laisser un commentaire